Quel est pour le Vietnamien le secret des aliments, c’est-à-dire sa signification dans l’évolution de l’homme ? Ils sont destinés à entretenir la santé ; ils constituent d’autre part une source de délectation. Ils concrétisent enfin un comportement spirituel qui met l’homme en rapport avec la nature et le monde de l’au-delà.
L’aliment doit nourrir.
Le Vietnamien qui se respecte considère que le fait de bien se nourrir pour avoir une bonne santé est aussi important que celui de faire des études sérieuses afin de devenir savant :
Manger pour avoir une bonne stature, étudier pour devenir savant.
Les connaissances en calories, en vitamines, en protéines lui sont complètement indifférentes, mais il sait bien que, depuis des milliers d’années, la source vitale est constituée par des aliments de base dont l’essence est le riz :
L’homme subsiste grâce au riz
Le poisson vit grâce à l’eau.
Le riz est l’élément diététique dont la production demande la concentration de toutes les activités. La Genèse raconte que le jour où Dieu chassa Adam du Paradis Terrestre, Il lui dit : « C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain ... ». Le paysan vietnamien exprime le même sentiment sous forme de proverbe dans lequel le riz est l’équivalent du pain :
Cất lấy cơm người đổ bát mồ hôi.
Quand il s’agit du riz de papa et de l’habit de maman, on ne s’en soucie pas,
Mais lorsqu’il s’agit de gagner du riz des autres, il faut verser un bol de sueur.
Aliment de base, le riz a toujours été « considéré » comme le principe de vie du monde oriental. Venait-il à manquer, c’est la famine, l’émeute... Pendant les périodes de sécheresse qui sont particulièrement néfastes pour la culture du riz, le paysan ne cesse d’implorer le ciel pour qu’il fasse tomber la pluie :
Plaise au ciel, qu’il pleuve,
Pour que j’aie de l’eau à boire,
Pour que j’aie mes rizières à labourer,
Pour que j’aie un bol plein de riz,
Pour que j’aie une grosse tranche de poisson.